Un dimanche
Elle est assise sur son tabouret, dans la salle à manger. Tante May m'attend, sagement. Je m'en vais chercher, dans la cuisine, la brosse à cheveux, celle aux dents de fer...
Avec prudence, je peigne ses longs cheveux gris-blancs, si soyeux. Je prends soin de ne pas lui faire mal. Mieux, j'essaie de lui procurer ce petit plaisir, ce moment d'abandon que l'on ressent à l'heure du shampoing quand le coiffeur vous masse, longuement, les tempes et le cuir chevelu. Mais de cela tante May ne sait rien.
Le silence est grand autour de nous. Je procède toujours de la même manière. Je commence par diviser en trois sa chevelure, trois longs brins que je croise et que je serre avec application, jusqu'à obtenir la natte désirée. A peine le temps d'être un peu fier de moi que déjà l'amie Colette est sur le pas de la porte. Elle accompagne tante May à la seule sortie qu'elle s'autorise et qu'elle ne manquerait pour rien au monde, désormais. Dans quelques minutes elle remerciera, avec ses mots à elle, Celui qui la préserve de la solitude et de la maladie...
Son dernier amour, sans doute.